Je doute donc je suis
- huberttrepanier
- Jun 19, 2023
- 2 min read
Updated: Feb 27, 2024
La recherche de la raison de l’existence est aussi vaine que complexe.
Complexe parce que multiple
parce que brouillon
parce que échec
et recommencement.
Vaine parce que toujours futile
insaisissable
incertaine
relative
Bienheureux celui qui ne doute pas
celle qui ne questionne pas sa raison d’être
son environnement ou ses motifs de vie
celui qui ne pense pas
plus loin que ce qui se trouve
à portée de main
à portée de regard
Malheureux celui qui cherche
la lueur au creux des heures sombres
celle qui ne peut se contenter du 1er degré de l’existence
celui qui se perd les yeux dans le fleuve
à scruter l’horizon, tentant de voir plus loin
toujours plus loin
à la quête de réponses sans questions
Mais lorsqu’il sonde les limites de son regard
c’est au fond de son âme et dans l’infini cosmos
qu’il se perd dans un même souffle
Il plonge dans un lac qu’il sait sans fond
mais ne peut s’empêcher d’errer dans ses profondeurs
s’enfonçant vers ce qui ne se trouve pas
mais s’enfonçant toujours car préférant de loin
les abysses de ses pensées
aux lumières superficielles de la surface
Il préfère même risquer la noyade intellectuelle
que de tolérer la simplicité du non-doute
la facilité de l’heureux d’être content
la bonhomie du quotidien de l’esprit
Mais voilà que, en ce lieu de tous les lieux
au coeur des souvenirs poignards
ressort par surprise le doute ultime
celui qui chamboule tout sur son passage
le doute de douter
Parce qu’au final, que devrions-nous atteindre
lors de ce bref passage de vie?
Quel est l’objectif commun à tout être doté de conscience?
Être heureux.
Se sentir accompli et utile.
Être bien dans sa peau.
Survivre à la vie.
Et en ce domaine
ce pourrait-il que l’être simple
vivant de son quotidien satisfait
soit plus près de la réponse que celui qui doute
qui cherche sans cesse la grandeur dans l’absolu?
Et s’il n’y avait pas de réponse?
Et si le sens de notre existence n’était que
d’être
que d’expérimenter le monde qui nous entoure
que de ressentir l’environnement, puis
de partager ce vécu avec nos semblables?
Mais pour l’être de pensée
celui trop conscient
celui qui doute et surtout redoute
est-ce possible d’enfin s’apaiser l’esprit et de simplement vaquer à vivre?
Est-ce possible pour lui de naïvement accepter les beautés du monde?
Probablement que oui
pour un temps
Car cet exercice de recentrage ne sera jamais naturel
il sera toujours à recommencer pour celle ou celui qui ne prend rien pour acquis
ni même le bonheur
ni même la vie
Il y aura éternellement un effort supplémentaire à donner
pour se convaincre de la pertinence de son existence
pour ramener son mal-être
au plancher des vaches et le confronter
aux beautés simples qui l’entourent
Un travail sans fin
un cycle de la raison
à reprendre à jamais
jusqu’à la mort silencieuse
de nos vagues étoiles
- juillet 2022, Kamouraska -
Photos 1-2 : crédit Hubert Trépanier; Lac Fontbonne, Preissac (Qc)
Anicinapek O Takiwa (territoire ancestral de la Première Nation Abitibiwinni)
Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)









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