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Je doute donc je suis

Updated: Feb 27, 2024

La recherche de la raison de l’existence est aussi vaine que complexe.


Complexe parce que multiple

parce que brouillon

parce que échec

et recommencement.

Vaine parce que toujours futile

insaisissable

incertaine

relative


Bienheureux celui qui ne doute pas

celle qui ne questionne pas sa raison d’être

son environnement ou ses motifs de vie

celui qui ne pense pas

plus loin que ce qui se trouve

à portée de main

à portée de regard


Malheureux celui qui cherche

la lueur au creux des heures sombres

celle qui ne peut se contenter du 1er degré de l’existence

celui qui se perd les yeux dans le fleuve

à scruter l’horizon, tentant de voir plus loin

toujours plus loin

à la quête de réponses sans questions



Mais lorsqu’il sonde les limites de son regard

c’est au fond de son âme et dans l’infini cosmos

qu’il se perd dans un même souffle


Il plonge dans un lac qu’il sait sans fond

mais ne peut s’empêcher d’errer dans ses profondeurs

s’enfonçant vers ce qui ne se trouve pas

mais s’enfonçant toujours car préférant de loin

les abysses de ses pensées

aux lumières superficielles de la surface


Il préfère même risquer la noyade intellectuelle

que de tolérer la simplicité du non-doute

la facilité de l’heureux d’être content

la bonhomie du quotidien de l’esprit


Mais voilà que, en ce lieu de tous les lieux

au coeur des souvenirs poignards

ressort par surprise le doute ultime

celui qui chamboule tout sur son passage


le doute de douter


Parce qu’au final, que devrions-nous atteindre

lors de ce bref passage de vie?

Quel est l’objectif commun à tout être doté de conscience?


Être heureux.

Se sentir accompli et utile.

Être bien dans sa peau.

Survivre à la vie.


Et en ce domaine

ce pourrait-il que l’être simple

vivant de son quotidien satisfait

soit plus près de la réponse que celui qui doute

qui cherche sans cesse la grandeur dans l’absolu?


Et s’il n’y avait pas de réponse?


Et si le sens de notre existence n’était que

d’être

que d’expérimenter le monde qui nous entoure

que de ressentir l’environnement, puis

de partager ce vécu avec nos semblables?


Mais pour l’être de pensée

celui trop conscient

celui qui doute et surtout redoute

est-ce possible d’enfin s’apaiser l’esprit et de simplement vaquer à vivre?


Est-ce possible pour lui de naïvement accepter les beautés du monde?


Probablement que oui

pour un temps


Car cet exercice de recentrage ne sera jamais naturel

il sera toujours à recommencer pour celle ou celui qui ne prend rien pour acquis

ni même le bonheur

ni même la vie


Il y aura éternellement un effort supplémentaire à donner

pour se convaincre de la pertinence de son existence

pour ramener son mal-être

au plancher des vaches et le confronter

aux beautés simples qui l’entourent


Un travail sans fin

un cycle de la raison

à reprendre à jamais


jusqu’à la mort silencieuse

de nos vagues étoiles


- juillet 2022, Kamouraska -



Photos 1-2 : crédit Hubert Trépanier; Lac Fontbonne, Preissac (Qc)

Anicinapek O Takiwa (territoire ancestral de la Première Nation Abitibiwinni)

Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)

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