Ça
- huberttrepanier
- Apr 26, 2023
- 2 min read
Updated: Feb 3, 2024
Terre brisée
phalanges à reconstruire
morcelées d’avoir une à la fois
pétri le mur de la réalité
des petits bouts de ma vie
dessoudés les uns des autres
en attente
entassés sous la peau
cachés par les marques bleuies
indélébiles à l’eau rancie
de nos gouttières trop débordantes
je m’enveloppe le corps blessure
d’une cape arc-en-ciel
Ça va bien aller
ça va bien
ça va
ça
Juste, ça
tout ce qui reste
quand la nuit tombe
quand je dépose
avant de me mettre au lit
le sourire coquille
dans son petit étui

Je me retrouve juste avec
ça
face à face
éclat de miroir
dans le blanc des yeux
ça saigne un peu
beaucoup
passionnément
de temps en temps
j’ai les larmes
couleur de sang
ou le sang qui goûte salé
je sais pu trop
j’suis mélangé
mes plaies ouvertes
ont décidé de se confondre
dans le brouillard
de mes angoisses
je vois mouillé
je pleure pu clair
quand le soleil
s’est couché pour la dernière fois
l’humanité m’a glissé des doigts
disparue à jamais
de mon horizon tombal
/
Je navigue en aveugle
sur ma mer de vie
je divague sans vents
une peine perdue
sur ma terre morte
je patauge à reculons
les yeux éteints
les mains sur une barre
qui me trahira
vers la chute des dieux
dans ma tête
je navigue mon corps pirate
voleur des beautés perdues
peuplé de vides fatigues
elles parlent ma langue étouffée
sans la comprendre
tandis que je me noie dans moi
à chaque
nouvelle vague
percute
mon récit récif
à fleur de peau menaçant
l’abandon de nos
trois-mâts devenus radeaux
de fortune cookie
me résigne à couler
la sortie s’écrit
dans ma dernière bulle d’air nostalgie
un abysse aimant
me tire l’énergie
une paye à la fois
les jours se comptent
en perdition
la corde s’use
la fin approche
je tiens pu juste
à un fil
tu m’as tendu les ciseaux
mais ce sera à moi
de le couper
de tirer la plug
pour de bon
pour le pire
encore à venir
ou pour de meilleures
journées sans pleurs
/

il neige à gros flocons
dans mes souvenirs charnels
je fais confiance au temps
pour étioler les blessures
me recoudre les tranchées
et quelques sillons d’âme
me peupler au présent
de belles intensités
permettre
à ma tête pour une fois
de suivre le rythme
tempête de mon coeur
et laisser couler les fleurs liquides
sous l’évier des remords fatigués
- février 2022 -
Photos : crédit Hubert Trépanier; Réservoir du Poisson Blanc, Notre-Dame-du-Laus (Qc)
Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)





Comments