Il faudra faire le ménage
- huberttrepanier
- Jun 5, 2023
- 2 min read
Réveil grimaçant
trop pâles douleurs
chasse un sommeil venteux
y demeure un assemblage
rêves désordonnés
lourds de sens déçu
dessous me dépose
un goût amer
entre les deux oreilles
le nommer
se prononce en lettres difficiles
les mots se sont perdus
au tréfonds de ma gorge
/
Une peur chapiteau
est venue cimenter
mes inquiétudes papillons
en monarque prison
c'est là
ça veut exister
ça prend racine
au fond de mon sang
dans le trou de glaise
creusé à force de trop piler
toujours à la même place
comme cette cage
tamisée d’angoisses cernées
invisibles dans la clarté plate
des néons de fin fond d'allée

barreaux drabes
mais frêles mais pas tuables
enserrant
tête épaules genoux orteils
étouffant
jusqu’à rendre fou
évoquant
les murmures qui nous consument
Par dépit, par amour
je tente
hâtive vainement
de normaliser le moton
où tout accroche
pour s'y faner l'impuissance
il y a de ces trésors pourris
impossibles à enfouir
apaisement en quête de toutes pièces
assouvi mon corps quotidien un naufrage
course déboire
relais de gut feelings incompris
les uns par-dessus les autres
ça se chamaille la voix
tourne et tourne le bâton
de la parole hurlante
aux cris chuchotés de peine ou de force
tournent et tournent les pensées
un crâne de verre
à ramasser à la petite cuillère
aucun moment pour souffler
ça virevolte
aucun moment pour me poser
ça chavire les certitudes
aucun moment pour réfléchir
ça me mets à nu
jusqu’à y déceler mes organes
ils sont tout à l’envers
il faudra faire le ménage
/
Une naissance comme un cri
l’origine des perceptions
échouer à retenir
la déchirure du temps
La brume s'est renversée sur mon lit
elle ne partira pas au lavage
/

Prendre l’espace
de penser s’arrêter
un souffle de quelques jours
juste assez pour
savourer
brise sauvage
un air à s’effleurer les joues frissons
juste assez pour
goûter
sérénité saline
se frottant à tes lèvres
mais trop court pour
grappiller le temps
de se vider
l’âme jusqu’à plus soif
trop court pour se réavaler
de travers
se repeigner
la peau transie
dans le miroir de larmes, se remonter
la face longtemps
d'un selfie
trop court pour se retoucher
le bout de la beauté béante
ou juste
s'en reconvaincre
trop court pour se recharger
avant l'aveugle
replongée
quotidien à 100 milles à l’heure
les yeux refermés
quatre mains sur le volant
on sait pu où revirer
ça vire de d'sour
ça l'air qu'on est juste rendu bon
à refaire nos u-turns
à recommencer un début
qui a jamais eu de fin
à réécrire les poussières fautives
d'un carrefour cul-de-sac
à court de re-
trop court anyway
le char s'en vient scrap
tout court.
- mai 2021 -
Photo 1 : crédit Hubert Trépanier; Montréal (Qc)
Kanien:ke (territoire ancestral de la Première Nation Kanien'kehá:ka)
Photo 2 : crédit Hubert Trépanier; Lac Fontbonne, Preisac (Qc)
Anicinapek O Takiwa (territoire ancestral de la Première Nation Abitibiwinni)
Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)
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