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De mots et de ressac

Updated: May 7, 2023

ressac, n. m.

Violent retour des vagues sur elles-mêmes lorsqu’elles ont frappé un obstacle.


*


Ma poésie est un ressac

un retour en moi-même

sur mon corps confidence

ma mémoire territoire

mes fatigues dérives


toutes les vagues témoignent

un chapelet hantise

un murmure


j'ai frappé terre sur la violence d'un amour

à sauver de la peur

la violence de toutes

les injustices du monde ordinaire

celle des luttes

à brandir à cet âge où l’on veut se sentir

se sentir vivant, aussi


j'avais une raison d'exister

avant d’atteindre le rivage de mes pertes

rompre enfin avec la chance

sans façade

comme un feulement

dans le cœur de la nuit

une berceuse

pour les bruits dans ma tête


ree

et puis un soir comme

tous les soirs

une journée à souffler les tisons

il y avait l'odeur de terre sous les ongles

et le cri des étés parchemins

je n'ai rien vu venir

rien su mourir

j'étais occupé à surfer ma vague cavalière

à tenir

le Mal en joue par les cornes

à me perdre symphonie en combats quotidiens

j'étais occupé


à survivre


ce n’était pas

assez


/


Les mots se sont perdus de vue

des phrases disloquées dans ma bouche

j’ai lu l’espace vierge

entre chacune des lettres

il parlait plus fort que les syllabes

j’ai lu le vide à voix haute

s'approcher de mes espoirs

un voleur à la place de mon socle océan


j'ai cru entendre le remous

se casser sous mes pieds

mais c’était le poids des jours trauma fissurant

mes épaules charpentes

au-delà des échos


comment alors forcer le silence

ralentir la chute retenir

les morceaux de moi

que tu regardes tomber sans rien dire

te retenir un peu, aussi


las de toutes les enfargures de mémoire

j'ai tenté d'inverser

le cours des saisons pré-mâchées

l’eau de nos tourterelles voyages

les pastels saignants achetés à rabais

un régicide pour mes spleens monochromes


je me suis buté

à la constance de mes marécages

à la force de ton mal-être qui ne se nomme

qu’en empruntant des mots à la peur

des voyelles brûlantes pour mes lèvres pendues


et cette vague tourment

qui était moi sans être moi

cette vague prison s'est écrasée

la figure sur une plage de verre inconnue


c'était la fin des jours naïfs.


j'avais une raison d'exister

maintenant

rien


les heures libres se sont défiler

en décousure de manches de fin de vie

des échardes où mourir mille fois

mes embâcles mes envies filantes

et mon souffle du même coup


ree

j'ai glissé en moi-même

ou sur le sable de ta peau

desserré l’étreinte de mes bras carnivores


j'ai pris le chemin du ressac

[remonter à la source]

par en-dessous du décor


j'ai pris le chemin du ressac

[revenir en moi-même]

voir si j'y suis encore



- décembre 2022 -






Référence / inspiration : Hector de Saint-Denys GARNEAU, Regards et Jeux dans l'espace, Montréal, 1937


Photo 1 : crédit Hubert Trépanier; Lac Fontbonne, Preissac (Qc)

Anicinapek O Takiwa (territoire ancestral de la Première Nation Abitibiwinni)

Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)


Photo 2 : crédit Irvin Burel; Réservoir du Poisson Blanc, Notre-Dame-du-Laus (Qc)

Nitakinan (territoire ancestral de la Première Nation Anishinabeg)

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